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Convention du FLNKS le 26 avril 2025 à Yaté
samedi 26 avril 2025, par
Mot d’ouverture du Président Christian Tein
- A la Grande chefferie Ouetcho
- Aux autorités coutumières de l’aire Djubea-Kapumë
- Cher(e)s responsables politiques, membres du Bureau politique,
- Cher(e)s camarades,
- Mesdames et messieurs,
Je vous adresse avant toute chose mes salutations respectueuses à l’ouverture die cette convention du FLNKS que j’ai appelé de mes vœux.
A l’heure où j’écris ces lignes, il est crucial d’examiner le contexte politique actuel avec lucidité. De là où je suis depuis 10 mois, je ressens que nos représentants doivent impérativement faire preuve de courage, de ténacité, de témérité, de rigueur et de vigilance à l’approche de la prochaine séquence politique. Il est essentiel de préserver une confiance indéfectible et de souligner les responsabilités qui incombent aux représentants désignés par les structures de terrain, afin qu’ils puissent efficacement porter notre voix lors les discussions sur l’avenir de notre pays.
J’ai eu l’occasion de partager ma position aux responsables du Bureau politique et aux membres de J’équipe de discussion concernant le projet d’accord politique que l’État français a élaboré à la suite des séquences qui ont eu lieu.
A l’occasion de cette convention du Front, c’est à l’ensemble des militant.e.s que je m’adresse.
Lorsque la décision de renouer le dialogue avec la puissance administrante a été prise, il s’agissait avant tout de le faire dans un objectif clair : défendre la trajectoire qui mènera à la pleine souveraineté et à l’indépendance de la Kanaky.
La motion adoptée au 44ème Congrès du FLNKS à Saint-Louis précise que la phase préparatoire de discussions a pour objet de poser les bases des futures négociations à savoir le format, le calendrier, la méthode et le contenu. Beaucoup d’éléments sont inscrits de manière détaillée dans nos travaux et doivent être utilisés face à l’État car le projet d’accord version Valls ne correspond pas à nos propositions mais plutôt à un énième statut au sein de la République, prolongeant ainsi la colonisation pour plusieurs années.
Nos opposants locaux font beaucoup de surenchère à coup d’annonces contradictoires et de lobbying inutile visant à nous déstabiliser et à prendre à leur compte les leviers d’action que nous devrions renforcer. Soyons proactifs et ne minimisons pas leur capacité de nuisance !
Je tiens à rappeler que les rencontres bilatérales sont le format privilégié entre le FLNKS, représentant le peuple colonisé, et ]’État français. Depuis le 12 décembre 2021, date de la 3ème consultation illégitime à l’occasion de laquelle l’État a bafoué les principes du droit international, les modalités ont changé car l’État français et les non-indépendantistes ont décidé de se présenter de manière unifiée, contrairement aux règles établies. Cette décision a engendré une rupture de la posture de neutralité et d’impartialité que l’État s’était engagé à maintenir depuis les accords politiques antérieurs. Dans ce contexte, il est impératif de privilégier le format bilatéral avec la puissance administrante et la supervision de l’ONU.
Je recommande également que la convention du FLNKS acte un renforcement de l’équipe de discussions et de l’équipe technique. Nous entamons une période critique, il faut davantage optimiser nos ressources humaines pour faire face à cette situation. Les affiliations politiques ne devraient pas constituer le principal critère de désignation ; l’accent doit être mis sur la valeur ajoutée que chaque personne peut apporter.
Il est crucial de clarifier notre calendrier face à celui de l’État, et la motion des 4 cocotiers définit précisément le phasage des séquences. La flexibilité des discussions ne doit en aucun cas remettre en question cet élément fondamental de notre trajectoire. La signature de l’ Accord de Kanaky devra intervenir au plus tard le 24 septembre 2025 et devra préciser la date effective d’accession à l’indépendance avant la fin du mandat présidentiel en 2027 incluant une période de transition - la plus courte possible - afin opérer les transformations nécessaires pour faire accéder la Nouvelle-Calédonie - disposant actuellement d’une autonomie renforcée - à un Etat-nation souverain. Le choix des interdépendances interviendra dans un second temps par des accords de coopération.
En ce qui concerne la méthode, c’est notre vision d’un pays souverain qui orientera notre stratégie, et non l’inverse. Par conséquent, j’ai proposé de travailler sur notre projet de société afin de le renforcer et de le mettre à jour. Je veux être clair sur ce point, sans une vision clairement définie par nos valeurs et nos objectifs, nous ne pourrons pas élaborer une stratégie efficace pour sa mise en oeuvre. C’est une évidence : seul un travail rigoureux portera ses fruits. La convention d’aujourd’hui devra formaliser une méthode rigoureuse pour promouvoir un débat constructif sur les aspirations des militants du FLNKS concernant notre pays souverain et atteindre les résultats escomptés.
Enfin, s’agissant du contenu, l’Accord de Nouméa demeure la base des négociations futures. Ainsi, étant donné que nous poursuivons dans la continuité de cet accord, les principaux éléments à intégrer dans l’accord de Kanaky porteront prioritairement sur l’exercice du droit à l’autodétermination, le transfert des compétences régaliennes, le corps électoral citoyen qui deviendra à terme la nationalité ainsi que le statut international de pleine responsabilité. Il est impératif que le processus de décolonisation soit mené à son terme, avec la souveraineté complète comme objectif ultime et condition indispensable à une paix durable pour les habitants de la Kanaky.
Mes cber.e.s camarades, ce doit être le dernier accord avec notre colonisateur : l’accord de Kanaky pour notre dignité et notre souveraineté. C’est cet état esprit qui doit animer chacun d’entre nous en impliquant le respect de soi, de notre peuple et ensuite de nos interlocuteurs. Ces efforts sont un gage de reconnaissance pour le travail légué par nos anciens, un hommage au sang versé pour la lutte et un héritage pour les générations futures.
Je vous demande de mettre tout en œuvre pour que l’ensemble de la mouvance indépendantiste se retrouve aujourd’hui autour de ces enjeux cruciaux et non pas pour des calculs électoralistes en prévision des prochaines provinciales.
La lutte pour l’indépendance de la Kanaky doit être poursuivie jusqu’à son terme, nous en portons la responsabilité par notre engagement constant et notre dévouement envers notre peuple.
Je vous remercie.
Priorité à Kanaky toujours !
Bichou.